Mardi cinéma "Humour"
Pour ce troisième « Mardi cinéma », proposé le
19 avril à la Médiathèque, nous avons choisi de nous pencher sur l’humour au
cinéma. A travers une vingtaine d’extraits nous avons cherché à présenter un
panel représentatif des films européens, américains et russes des
années 1900 aux années 1980. Vaste et délicat sujet que l’humour qui recouvre plusieurs états
et fonctions : on peut rire jaune face à une satire et à gorge déployée devant
des gags visuels, sourire à l’écoute de dialogues ciselés… Si l'humour au
cinéma peut chercher uniquement à divertir on y recourt également pour
transmettre un message. Dans tous les cas les films d'humour nous disent toujours
quelque chose de la société dans laquelle ils ont été réalisés et s’ancrent
pleinement dans une tradition ou un héritage artistique.
Avec l'entrée en guerre des pays européens, le centre de gravité du cinéma se déplaça (définitivement) de Paris à Hollywood où le film burlesque connut sa grande époque au temps du muet (de 1912 à 1929). Souvent comparé à l'art de la pantomime, le burlesque des origines se caractérise par une avalanche de gags très physiques. On y voit des chutes, des poursuites, des cascades, des tartes à la crème en pleine figure, des coups de pied dans les fesses... le tout filmé dans un rythme effréné. Ces films s’adressant au public modeste des classes laborieuses avaient une forte valeur transgressive : les tabous étaient allègrement bafoués, les valeurs sociales et leurs représentants (notables, forces de l’ordre) ridiculisés. Mais cette célébration de la destruction et du chaos n’était pas réellement subversive : elle ne présentait aucun danger pour l’ordre établi mais offrait au contraire une fonction compensatrice et cathartique. Mack Sennett est le roi du genre « Slapstick », ce burlesque emplie de violence physique outrée, réalisateur et acteur prolifique il a fondé son comique sur la cascade et les situations invraisemblables. Véritable découvreur des talents (il fit tourner le premier Charlie Chaplin), il eut un rival de taille en la personne de Hal Roach, qui lança Harold Lloyd et créa le tandem Laurel & Hardy.
Deux autres artistes ont marqué de leur empreinte le cinéma muet par un burlesque encore plus abouti et des gags réalisés avec une précision d’horloger (on parle d’ailleurs d’une « tradition mécanicienne ») : Buster Keaton et Harold Lloyd. Le premier, resté célèbre pour son flegme, fut entre autres surnommé « l'homme qui ne rit jamais » par contraste avec Charlie Chaplin, autre maître burlesque. Les personnages de Keaton, se caractérisent par leur entêtement et leur désir d'aller obstinément de l'avant. Dans ces films millimétrés, le mouvement est sans cesse ralenti par un événement imprévu contre lequel le personnage lutte pour tenter de rétablir la situation. Keaton est un mathématicien du gag, ceux-ci sont écrits, étudiés, travaillés et réfléchis pour aboutir à des films d’une grande fluidité. La venue du parlant fut pourtant fatale à ce réalisateur de référence, comme ce fut le cas pour la plupart des grands comiques du muet.
Retour en France pour aborder deux films marquants du cinéma français d’avant-guerre : Le roman d'un tricheur (1936) de Sacha Guitry et Drôle de drame (1937) de Marcel Carné. Ces deux œuvres se distinguent par la qualité de leurs dialogues et de leurs répliques tel que le « Bizarre, bizarre », écrit par Prévert et prononcé par Louis Jouvet face à un Michel Simon en botaniste chevrotant s’employant à justifier l’absence de sa femme.
Petit crochet par le cinéma burlesque soviétique et le film Le bonheur d’Alexandre Medvedkine (1935). Ce dernier, ancien cavalier de l’armée rouge, défendait une vision très engagée du cinéma : il participa à l’aventure des ciné-trains, véritables studios ambulants invitant le peuple à participer à la création cinématographique pour soutenir sa réflexion politique. En parcourant les campagnes russes, les témoignages et la vie des paysans lui ont inspiré cette satire de la cupidité de l’homme.
Autre exemple de comédie sophistiquée avec The Shop around the Corner du réalisateur américain, d’origine allemande, Ernst Lubistch. Dans le Budapest des années 1930, Klara Novak et Alfred Kralik travaillent dans la même boutique et se supportent comme ils le peuvent. Aspirant à un idéal, chacun pense avoir trouvé l’amour auprès de son correspondant anonyme avant d’apprendre qu’en réalité ils correspondent entre eux ! Vont naître des quiproquos et des échanges savoureux. Ici les gags subtils se teignent d’un humour délicieusement mélancolique et sensible. A partir d’une pièce hongroise, le réalisateur orchestre ici les malentendus amoureux avec ses personnages sensibles, parfois désespérés mais parvenant toujours à rire au final de leur situation ! Le réalisateurs traite avec élégance la complexité de la question de l’amour au travail à travers des dialogues ciselés et évocateurs. Dans The Shop around the Corner la fameuse Lubitsch touches (ces allusions narquoises portant brièvement l’attention du spectateur sur un détail révélateur de la personnalité ou de l’état d’esprit d’un personnage) se fait plus discrète, mais l’humour de l’écriture théâtrale est servie par l’efficacité proprement filmique de la mise en scène, du cadrage et du montage.
Du trio nous sommes passés aux duos qui ont marqué l’histoire du cinéma comique français. Premier duo savoureux : Georges Lautner à la réalisation et Michel Audiard aux dialogues qui ont signé avec leurs Tontons flingueurs une œuvre mythique reprenant à l'excès et avec dérision les codes du film de gangsters. Brillant artisan de la langue française Audiard écrivit des dialogues d'une efficacité redoutable, portés par les brillants Lino Ventura et Bernard Blier, entrés dans la culture populaire ! La preuve en images avec la scène culte de la cuisine autour d’un breuvage qui est « faut le reconnaître plutôt une boisson d’homme » :
Nous avons également abordé la satire avec Dino Risi et son film à sketches Les monstres. En 1963, le réalisateur italien y met en scène les excellents acteurs Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman à travers dix-neuf saynètes fustigeant l'hypocrisie, la sournoiserie et tous les petits travers du genre humain. Ce film constitue aujourd’hui encore sans aucun doute une des plus belles satires de la société italienne. Rien n’échappe ici à l’œil lucide et démystificateur de Dino Risi dont l’utilisation fréquente du zoom apparaît comme une signature, indiquant la présence de cet œil traquant la réalité sous le jeu des apparences, perçant le mensonge dans les détails. La politique, la religion, le cinéma, le foot, l’éducation, tout y passe et subit son ironie dévastatrice !
Les débuts du cinéma comique et le burlesque
Dès ses origines le cinéma, attraction de foire, a mis en
scène des personnages ou des situations comiques. Ainsi, en 1895 les frères
Lumière tournent le court métrage L'Arroseur
arrosé considéré comme le premier film burlesque de l'histoire du cinéma. Des
cinéastes ont tout de suite perçu le potentiel comique de ce nouveau medium qui
permet de développer des illusions visuelles jusqu’alors impossible. C’est le
cas du prestidigitateur et réalisateur français Georges Méliès qui compte parmi
les pionniers des trucages du cinéma. Dans son court-métrage Le déshabillage impossible le cinéaste
utilise la technique de l’ « arrêt de caméra » qui permet de
modifier comme par miracle un objet ou un personnage, de le faire apparaître ou
disparaître. Comment ? Lors du tournage il suffit d’arrêter la caméra, de
changer la position des objets ou des acteurs, puis de reprend la prise de
vues. Lors du montage les pellicules sont raccordées après développement pour
donner l’illusion d’une action continue…
Dix ans plus tard un acteur et réalisateur français (ayant également
tourné aux Etats-Unis) s’impose pendant vingt ans comme le premier grand maître
du cinéma comique français. Max Linder crée en 1910 le personnage de « Max »,
jeune dandy porté sur le beau sexe et toujours mêlé à des aventures loufoques
dont il se tire avec brio. Le physique de Max est très reconnaissable :
costumes élégants, avec chapeau haut-de-forme ou melon, et petite moustache. Tous
les grands comiques de l'écran doivent quelque chose à Linder dont le jeu et les
inventions ont notamment influencé la création du personnage de Charlot.
Chaplin l’appela le « professeur ».
Avec l'entrée en guerre des pays européens, le centre de gravité du cinéma se déplaça (définitivement) de Paris à Hollywood où le film burlesque connut sa grande époque au temps du muet (de 1912 à 1929). Souvent comparé à l'art de la pantomime, le burlesque des origines se caractérise par une avalanche de gags très physiques. On y voit des chutes, des poursuites, des cascades, des tartes à la crème en pleine figure, des coups de pied dans les fesses... le tout filmé dans un rythme effréné. Ces films s’adressant au public modeste des classes laborieuses avaient une forte valeur transgressive : les tabous étaient allègrement bafoués, les valeurs sociales et leurs représentants (notables, forces de l’ordre) ridiculisés. Mais cette célébration de la destruction et du chaos n’était pas réellement subversive : elle ne présentait aucun danger pour l’ordre établi mais offrait au contraire une fonction compensatrice et cathartique. Mack Sennett est le roi du genre « Slapstick », ce burlesque emplie de violence physique outrée, réalisateur et acteur prolifique il a fondé son comique sur la cascade et les situations invraisemblables. Véritable découvreur des talents (il fit tourner le premier Charlie Chaplin), il eut un rival de taille en la personne de Hal Roach, qui lança Harold Lloyd et créa le tandem Laurel & Hardy.
Deux autres artistes ont marqué de leur empreinte le cinéma muet par un burlesque encore plus abouti et des gags réalisés avec une précision d’horloger (on parle d’ailleurs d’une « tradition mécanicienne ») : Buster Keaton et Harold Lloyd. Le premier, resté célèbre pour son flegme, fut entre autres surnommé « l'homme qui ne rit jamais » par contraste avec Charlie Chaplin, autre maître burlesque. Les personnages de Keaton, se caractérisent par leur entêtement et leur désir d'aller obstinément de l'avant. Dans ces films millimétrés, le mouvement est sans cesse ralenti par un événement imprévu contre lequel le personnage lutte pour tenter de rétablir la situation. Keaton est un mathématicien du gag, ceux-ci sont écrits, étudiés, travaillés et réfléchis pour aboutir à des films d’une grande fluidité. La venue du parlant fut pourtant fatale à ce réalisateur de référence, comme ce fut le cas pour la plupart des grands comiques du muet.
Harold Lloyd est un autre acteur phare des films muets
comiques. L’une de ses scènes les plus connues est celle où il se retrouve
suspendu aux aiguilles d’une horloge dans le vide. Les comédiens burlesques
n’avaient pas froid aux yeux et effectuaient leurs cascades (presque) sans
filets : pour cette scène l’acteur évoluait à quatre mètre du sol avec
seulement un matelas pour amortir une éventuelle chute ! A l’époque les salles
entières hurlaient de frayeur et aujourd’hui encore nous percevons la
dangerosité de ce tournage vertigineux…
Les années 1930
Plus outranciers et plus destructeurs encore, les comiques
américains les Marx Brothers ont marqué l’histoire du cinéma par leur comique
gesticulatoire, leur sens aigu de l’absurde, leur anticonformisme et leurs
dialogues cinglants ou ironiques. Durant notre séance nous avons projeté un
extrait de La soupe au canard (1933),
un des plus délirants de leurs quinze films dont l'intrigue complexe sert
principalement de prétexte pour laisser court à l’humour ravageur, déjanté
et surréaliste des Marx !
Retour en France pour aborder deux films marquants du cinéma français d’avant-guerre : Le roman d'un tricheur (1936) de Sacha Guitry et Drôle de drame (1937) de Marcel Carné. Ces deux œuvres se distinguent par la qualité de leurs dialogues et de leurs répliques tel que le « Bizarre, bizarre », écrit par Prévert et prononcé par Louis Jouvet face à un Michel Simon en botaniste chevrotant s’employant à justifier l’absence de sa femme.
Guitry quant à lui choisit de porter à l’écran son roman (retraçant
la vie d’un tricheur qui en jouant honnêtement perdit tout ce qu'il avait gagné
en trichant) en se servant du texte écrit à la première personne pour commenter
les images venant soutenir ses mots. Longtemps méprisé par les puristes du
septième art, qui ne voyaient en lui qu’un auteur de théâtre de boulevard,
Guitry bénéficia d’une reconnaissance posthume pour ses comédies notamment.
Petit crochet par le cinéma burlesque soviétique et le film Le bonheur d’Alexandre Medvedkine (1935). Ce dernier, ancien cavalier de l’armée rouge, défendait une vision très engagée du cinéma : il participa à l’aventure des ciné-trains, véritables studios ambulants invitant le peuple à participer à la création cinématographique pour soutenir sa réflexion politique. En parcourant les campagnes russes, les témoignages et la vie des paysans lui ont inspiré cette satire de la cupidité de l’homme.
Autre exemple d’un film d’humour à forte dimension politique
tourné dans une décennie tourmentée : Le
dictateur de Charlie Chaplin. Le caractère a priori léger du genre comique facilite
ici l’évocation de sujets aussi graves que le fascisme et permit au réalisateur
britannique de diffuser largement son message humaniste. Chaplin déploie habituellement
un burlesque mêlé de mélodrame dans lesquels il
ne cesse de condamner l’injustice de la société américaine, la pauvreté
et la violence sociale. Ici son optique est différente : poussé par la
montée en puissance des nationalismes en Europe, Chaplin cherche à donner à
voir un monde déréglé. Le Dictateur marque
une double rupture dans sa filmographie : il abandonne pour la
première fois son personnage de Charlot (pour incarner à la fois un barbier
juif et le dictateur Hynkel) et il réalise là également son premier film
véritablement parlant afin de transmettre plus clairement son message politique.
Si ce film conserve 75 ans après sa réalisation toute sa puissance c’est parce
que Chaplin a visé juste et se déchaîne dans des gags remarquables dont la
perfection comique n'efface pourtant jamais la terreur diffuse…
Les années 1940-1950
Comment parler d’humour sans parler de l’Angleterre ?
La production du studio londonien d’Ealing, qui
a connu l’essentiel de son succès entre 1949 et 1955, a produit en
rafales des comédies loufoques qui ont contribué à associer systématiquement
les termes «britannique» et «excentrique» ! Cette production a donné ses lettres de
noblesse à la comédie britannique. Dans le film que nous
avions choisi Noblesse oblige de
Robert Hamer, l’acteur vedette du studio Alec
Guinness fait une nouvelle fois une démonstration de son talent en incarnant
pas moins de 8 rôles différents. Hamer signe ici un sommet de l'humour noir et une
charge contre l’aristocratie anglaise. Il met en scène une cynique revanche
sociale (traitée sur le mode pince-sans-rire) avec un tueur multi-récidiviste s’employant
à assassiner méthodiquement chaque membre de sa famille maternelle, le
considérant comme un bâtard, pour hériter du titre de duc.
Autre exemple de comédie sophistiquée avec The Shop around the Corner du réalisateur américain, d’origine allemande, Ernst Lubistch. Dans le Budapest des années 1930, Klara Novak et Alfred Kralik travaillent dans la même boutique et se supportent comme ils le peuvent. Aspirant à un idéal, chacun pense avoir trouvé l’amour auprès de son correspondant anonyme avant d’apprendre qu’en réalité ils correspondent entre eux ! Vont naître des quiproquos et des échanges savoureux. Ici les gags subtils se teignent d’un humour délicieusement mélancolique et sensible. A partir d’une pièce hongroise, le réalisateur orchestre ici les malentendus amoureux avec ses personnages sensibles, parfois désespérés mais parvenant toujours à rire au final de leur situation ! Le réalisateurs traite avec élégance la complexité de la question de l’amour au travail à travers des dialogues ciselés et évocateurs. Dans The Shop around the Corner la fameuse Lubitsch touches (ces allusions narquoises portant brièvement l’attention du spectateur sur un détail révélateur de la personnalité ou de l’état d’esprit d’un personnage) se fait plus discrète, mais l’humour de l’écriture théâtrale est servie par l’efficacité proprement filmique de la mise en scène, du cadrage et du montage.
Les comédies cultes des années 1950 et 1960
La projection d’un extrait de Mon oncle nous a ensuite plongés dans le burlesque poétique du
français Jacques Tati. Dans son troisième long-métrage, nous retrouvons son
personnage candide, maladroit et frondeur de M. Hulot confronté ici à un monde
au modernisme ravageur et hostile. Mon
oncle marqua le début des difficultés de Tati. Cette chronique de la vie
moderne subtile, pleine de gags sonores et de plaisanteries visuelles, a été
boudée à sa sortie par des critiques reprochant au film d'être réactionnaire. Pourtant
sur le ton de l'humour poétique, Tati s'en prenait en réalité à l’aseptisation
du monde et à la déshumanisation liée à la société de consommation. Face à sa
sœur, bourgeoise esclave du paraître, et son beau-frère Hulot fait bande à part, il refuse la
technique absurde et le culte de l'objet-roi. Il glorifie au contraire l’esprit blagueur des enfants, l'innocence et la
rébellion contre les codes imposés.
Autre comédie culte, mais américaine cette fois, avec Certains l’aiment chaud de Billy Wilder devenu
un classique hollywoodien illustrant bien l’efficacité d’une des recettes
miracles d’Hollywood. Wilder fit en effet baigner son film dans une certaine
tension sexuelle (le titre promet certes un rythme effréné mais il est aussi
connoté sexuellement) mais sans tomber jamais dans la vulgarité, il ajouta une
petite pointe de danger et traita l’ensemble sur le ton de la comédie. Si dans cette
histoire de musiciens travestis pour échapper à un gang de gangster les
quiproquos s’enchaînent brillamment, le film doit beaucoup à son trio d’acteurs :
Marilyn Monroe, Tony Curtis et Jack Lemmon. Tous y sont remarquables mais c’est
ce dernier qui crève l’écran véritablement dans son rôle de Daphné et en amoureux
contrarié de Sugar !
Du trio nous sommes passés aux duos qui ont marqué l’histoire du cinéma comique français. Premier duo savoureux : Georges Lautner à la réalisation et Michel Audiard aux dialogues qui ont signé avec leurs Tontons flingueurs une œuvre mythique reprenant à l'excès et avec dérision les codes du film de gangsters. Brillant artisan de la langue française Audiard écrivit des dialogues d'une efficacité redoutable, portés par les brillants Lino Ventura et Bernard Blier, entrés dans la culture populaire ! La preuve en images avec la scène culte de la cuisine autour d’un breuvage qui est « faut le reconnaître plutôt une boisson d’homme » :
Autre duo incontournable des années 1960 : le tandem Bourvil/De
Funès comptant encore parmi les plus bankable
du cinéma français : il s’agit évidemment du tandem Bourvil/De Funès que nous
avons retrouvé dans la scène mythique de l’accident de voiture
ouvrant Le corniaud de Gérard Oury.
Ce film, inspiré très librement d’une affaire de trafic d’héroïne liée à la French Connection, réunit pour la
troisième fois les deux acteurs et fit un carton au box-office en 1965 avec ses douze millions de spectateurs. Pour l’anecdote : 250 boulons électriques avaient
été placés sur la 2CV de Bourvil afin que celle-ci se disloque au moment de
l'impact. Le tournage fut un gros moment d’angoisse pour le réalisateur car il
aurait fallu attendre près d’un mois pour rejouer cette scène. La phrase culte
de Bourvil (« Bah maintenant elle va marcher beaucoup moins bien, forcément
! ») ne figure d’ailleurs pas dans le scénario ! L’acteur l’a improvisé au
moment du tournage et a fait mouche : Louis de Funès pour étouffer un fou
rire baisse rapidement la tête…
Nous avons également abordé la satire avec Dino Risi et son film à sketches Les monstres. En 1963, le réalisateur italien y met en scène les excellents acteurs Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman à travers dix-neuf saynètes fustigeant l'hypocrisie, la sournoiserie et tous les petits travers du genre humain. Ce film constitue aujourd’hui encore sans aucun doute une des plus belles satires de la société italienne. Rien n’échappe ici à l’œil lucide et démystificateur de Dino Risi dont l’utilisation fréquente du zoom apparaît comme une signature, indiquant la présence de cet œil traquant la réalité sous le jeu des apparences, perçant le mensonge dans les détails. La politique, la religion, le cinéma, le foot, l’éducation, tout y passe et subit son ironie dévastatrice !
La parodie et l’absurde des années 1970-1980
Pour la dernière partie de notre conférence consacrée à l’humour
nous avons choisi d’évoquer deux films parodiques occupant une place à part
dans la filmographie de leur réalisateur : Le bal des vampires de Roman Polanski et Woody et les robots de Woody Allen. Le film parodique est un genre
qui exige une connivence entre le réalisateur et le spectateur : il suppose la
connaissance commune de l’œuvre tournée en dérision qui va être détournée sur
un mode du burlesque outrant ses caractéristiques. Certains réalisateurs comme
Mel Brook (Frankenstein Jr…) deviendront des spécialistes de cet exercice !
Le paradoxe est que ce type de détournement est en réalité un acte d’amour à
l’égard de l’œuvre torturée qui finit grandit de l’épreuve de la parodie. Aussi
quand Polanski joue avec les codes du film de vampire (pour mêler avec brio le
comique et l’horrifique) et Allen avec ceux des films de science-fiction en les
revisitant dans un enchainement de gags burlesques dévastateurs, cela donne
envie de se replonger dans les classiques !
Plus inattendu peut-être, nous avons choisi d’aborder le
comique lié absurde à travers un extrait du Fantôme
de la liberté de Luis Buñuel qui mit l’humour au service de la révolte dans
cette comédie de mœurs corrosive teintée de surréalisme. Repoussant les limites
du raisonnable, le réalisateur espagnol enchaîne ici des séquences sans
respecter la logique narrative. Chaque situation de ce film semble déterminée
par le hasard des rencontres. Le spectateur se retrouve alors plongé dans un
univers sans détermination logique, cette surréalité fait côtoyer l'explicable
et l'inexplicable qui ne s’opposent plus et font naître des situations
burlesques.
Enfin, notre parcours cinématographique s’est terminé dans
l’absurde débridé et provocateur des Monty Python ! Ce groupe de comiques, britanniques
devenus célèbres grâce à leurs sketchs télévisés, s’inscrivit dans une tradition
parodique du burlesque. Que ce soit dans leurs longs métrages Sacré Graal ou La vie de Bryan ils se sont distingués par leur utilisation du
non-sens pour dynamiter avec allégresse les grands sujets bibliques et
arthuriens. Leur esprit corrosif s’est également attaqué aux grandes institutions
telles que l’armée dans leur film Le sens
de la vie :
Pour consulter tous les films présentés disponibles à la Médiathèque, cliquez ici. Les « Mardis cinéma » feront leur retour à la
rentrée 2016, nous espérons vous y retrouver nombreux !
Quentin, bibliothécaire
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